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SI TU M’AVAIS AIMÉE


Brusquement sur mes pas une vague se dresse ;
Elle monte et jaillit du sein profond des mers ;
La colonne d’onyx me cache la Sagesse
Et les ordres divins que dictent ses yeux clairs.

C’est tout le flot de ma tendresse inassouvie ;
C’est le remous puissant de mon rêve ancien :
— Être deux et marcher ensemble dans la vie — ;
C’est le chaste désir que mon cœur a du tien.
 
Mais avec mon amour ma peine est revenue…
Je ne goûterai pas dans la douceur du soir
La volupté d’errer sur la route inconnue,
Près de toi, sous le ciel beau comme un reposoir !

Je pleure de nouveau, seule dans le silence…
Nul bonheur désormais ne me consolera,
Pas même la beauté de la terre où j’avance
Sans savoir où, demain, le sort me conduira.