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SI TU M’AVAIS AIMÉE

Je demandais si peu : quelques jours de bonheur,
Une heure de repos au milieu de la lutte ;
Et je ne reçois rien, rien, pas une minute
De paix et de silence après tant de douleur.

Vous m’avez arraché ma dernière espérance,
Et je reste dans l’ombre épaisse du tombeau ;
Mes os craquent d’effroi, ployés sous leur fardeau,
Et je ne peux plus même adorer ma souffrance.

Ah ! laissez-moi mourir pour que j’échappe enfin
A cet obscur regret qui toujours me torture !
Peut-être que la mort guérira la blessure
Que m’ont faite la vie et mes désirs sans fin.
 
Car elle tisserait, silencieuse et lente,
La robe de l’oubli tout autour de mon cœur ;
Et, dans les plis profonds, pourrait germer la fleur
Du sommeil où s’endort l’angoisse de l’attente.