Page:Arnal - La Maison de granit, Plon-Nourrit.djvu/39

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Et, sur mes yeux meurtris, la caresse de l’onde
Fait descendre l’oubli de l’amour et du monde,
Car je dis : Maintenant, je ne peux plus souffrir !…
Mais, du fond de l’abîme, une vague se lève…
C’est un jet si puissant de désir et de rêve
Que je vais vivre encor, moi qui voulais mourir.

Ah ! qu’il paraisse enfin Celui dont la parole
Commande aux vents, Celui dont le regard console,
Celui qui sera seul le maître de la mer !
Je lui donne ma vie et toute ma tendresse,
Et mon amour, semblable à l’océan qui dresse
Sa colonne d’onyx pâle et de jade vert.

Je lui donne mon cœur plus profond que la masse
Des flots bleus, et mes pleurs dont le nombre dépasse
Celui des gouttes d’eau dans la coupe des mers !…
Que de tant de douleur, il fasse un peu de joie ;
Qu’une flamme jaillisse, et qu’enfin je la voie
Illuminant la nuit des longs chemins déserts.