Page:Arnal - La Maison de granit, Plon-Nourrit.djvu/41

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Du trésor merveilleux des tendresses humaines ;
Dans vos soirs empourprés où flotte une langueur,
Je n’effeuillerai pas la rose de mon cœur.
Peut-être un jour, plus tard, triste, désabusée,
Je chercherai le feu de votre clair soleil
Pour réchauffer ma main par la vieillesse usée
Et mon corps, engourdi par le dernier sommeil ;
Mais aujourd’hui je vis, mon sang court dans mes veines,
Plus vif, plus généreux que vos brûlants étés ;
Mes doigts ont des parfums plus frais que vos verveines,
Mon rêve laisse loin vos molles voluptés.
Les rayons les plus purs brillent aux yeux que j’aime,
La plus tiède douceur est au creux de la main
De celui que je sens créé comme moi-même
Pour vivre l’infini du court bonheur humain.
Vous, vous ne savez pas aimer ! Vous êtes belle,
Mais vous n’entendez pas l’hymne qui vient vers vous ;
Vous n’écoutez jamais la voix qui vous appelle
Et les frémissements graves d’un cœur jaloux
Trop de lèvres ont bu l’odorante ambroisie
De vos brises où vit l’âme de tant de fleurs ;
Trop de cœurs, enivrés de vous, vous ont choisie ;
Vous avez consolé trop d’intimes douleurs !