Page:Arnal - La Maison de granit, Plon-Nourrit.djvu/86

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Peut-être cette nuit quelque fille superbe
Dénouant ses cheveux te verse un peu d’oubli ;
Peut-être qu’en tes bras, comme une lourde gerbe,
Pèse son corps, ployé, près de ton front pâli.

Lorsqu’elle partira, te laissant l’amertume
De ses baisers vendus et de son rire faux,
Tes yeux se voileront d’une légère brume,
Car le plaisir n’est pas le bonheur qu’il te faut.

Si tu venais ici ! Cette maison est tienne,
Ces sauvages rochers, cette montagne en fleur,
Cette ferme, ces prés, cette terre ancienne,
Je te les ai donnés en te donnant mon cœur.

Ici tu trouverais une pure tendresse,
Une pensée amie, un être tout à toi ;
L’air t’envelopperait de sa fraîche caresse,
Tu te reposerais à l’ombre de mon toit.