« Sur le sort que Dieu nous destine
» Un voile est fixé pour toujours. »
« La Providence, qui voulait nous retenir quelque temps sur cette terre, a bien fait de couvrir d’un voile l’espérance de la vie à venir. Si nos yeux pouvaient voir clairement l’autre bord, qui resterait sur cette rive désolée ? qui n’en partirait pas pour rejoindre ? »
« L’un nous affirme qu’en mourant
» Nous retournons dans le néant
» Où nous étions avant de naître. »
« Quant à la sombre, à l’éternelle question que chacun se fait dans
la profondeur et l’effroi de sa conscience : Que deviendrai-je après
mon existence actuelle ? la réponse a été faite depuis longtemps. Vous
deviendrez ce que vous étiez quo non nata jacent, où sont les choses
qui ne sont pas encore, comme on le proclamait en plein théâtre, à
Rome. Avant votre naissance, avez-vous gémi de ne pas être ? éprouviez-vous
de la douleur, de l’angoisse, des plaisirs inquiets, troublés,
incertains ? Non, sans doute. Il en sera de même lorsque, parvenu au
dernier terme de l’existence, votre corps rendra aux éléments ce
qu’il en avait emprunté temporairement.
» Du reste, une chose est évidente pour nous : c’est que nous n’existons que par des organes ; c’est par eux et en eux que nous vivons, que nous sentons, que nous sommes ; au delà, nous ne comprenons plus rien.
« C’est une chose si bornée, si vague, si incomplète que l’échelle de nos certitudes, qu’il est impossible de s’en rapporter uniquement à nos perceptions. L’homme n’a que des moyens humains pour connaître ; alors lui est-il donné de concevoir ce qui est au-dessus de ces moyens ? et parce qu’il ne les comprend pas, est-il en droit de les nier ? Le cerveau de l’homme mort reste avec lui sous la terre et s’y décompose ; peut-on regarder comme démontré que la pensée imma-