Page:Arnaud - De la frequente communion, 1643.djvu/283

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toutes leurs passions déreglées ; qui voudroient bien meriter le paradis, sans estre obligez de faire aucune des actions qui y menent ; qui taschent de se partager entre Dieu, et le monde, et faire mentir la verité mesme, qui nous asseure, que l’on ne peut servir deux maistres ; dont toute la vie se passe en une suitte continuelle de pechez, mesme mortels, et de confessions sans amandement ; et enfin (pour descouvrir en un mot, et par vos propres termes ; la cause de tous leurs desordres) qui sont remplis d’amour d’eux-mesmes ; ce qui leur donne quelque desir de ne se pas perdre : et si attachez au monde, que de merveille ; ce qui les empesche d’embrasser ce qu’il faut faire pour ne se pas perdre. Ce n’est pas, dis-je, entre les personnes de cette sorte, que ce grand saint propose ce differend, ausquelles il eust esté si esloigné de permettre la communion de tous les jours ; qu’à peine leur eust-il seulement permis d’assister aux sacrez mysteres. Mais il ne le propose qu’entre ceux dont la vie ne des-honore point la sainteté du christianisme ; dont la foy est fortifiée par l’esperance, et l’esperance animée par la charité ; qui offensent Dieu tous les jours, parce qu’ils sont hommes, mais qui ne l’offensent point mortellement, parce qu’ils sont enfans de Dieu ; qui ont droit de se nourrir du corps de Jesus-Christ, parce qu’ils sont eux-mesmes ce corps, comme parle Saint Augustin :