Page:Arnaud - Recueil de tombeaux des quatre cimetières de Paris, 1.djvu/35

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la perdre, je sens que je ne pourrai lui survivre. Si Dieux m’accordait cette faveur, mon plus grand désir serait d’être inhumé auprès d’elle ».

Un jour, en sortant de table, il demande à une personne qui venait de quitter la malade, dans quel état pour le moment elle se trouvait : on lui répondit très-inconsidérément qu’elle venait de mourir ; M. Nerdot, frappé comme d’un coup de foudre, tombe aussitôt sans connaissance ; en vain lui prodigue-t-on tous les secours pour le rappeler à la vie, il expire, après être demeuré dans cet état pendant quatre heures.

La famille, pleine de respect pour la volonté de ce vieillard si profondément sensible, a regardé comme un devoir sacré l’obligation d’accomplir le vœu qu’il avait si souvent exprimé. La même pompe funèbre servit au père et à la fille. Tous deux furent présentés au même instant à Saint-Roch, leur paroisse ; les mêmes cérémonies religieuses leur furent communes, ensuite, transportés au Cimetière de Montmartre, on les enterra provisoirement dans une même fosse, où ils demeurèrent jusqu’au moment où M. Deschennes de Saint-Edmond les fit exhumer pour les placer ensemble dans le Tombeau qu’il leur fit élever, et dont nous donnons ici la gravure. Ce tombeau est une espèce de caveau sans voussure, solidement muré des quatre faces, rempli d’un sable fin jusqu’à fleur de terre, et recouvert d’un Sarcophage d’une belle proportion.

Nota. Madame Deschennes et M. Nardot sont décédés le 28 février 1812. Madame Deschennes, âgée d’environ 30 ans ; et M. Nardot, âgé de 83 ans.