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Page:Arnaud - Recueil de tombeaux des quatre cimetières de Paris, 1.djvu/41

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Suite du Discours prononcé aux Obsèques de M. Delille ; par M. Delambre, etc. (Voyez le 1er morceau, page 5.)


» Quelle reconnaissance n’était-il pas en droit d’attendre pour tant de productions précieuses ! Cette reconnaissance ne fut pas universelle ; l’esprit de parti fit entendre une voix étouffée bientôt par les applaudissemens publics : à en croire ses détracteurs, il ne revenait que pour fréquenter les palais des grands et reprendre les chaînes dorées qu’il regrettait. Il leur avait répondu d’avance en choisissant pour sa demeure le quartier le plus solitaire de Paris ; il revint depuis occuper l’asile modeste que lui pouvait offrir le Collège de France ; là, il ne vivait que pour l’amitié et la poésie. Quatre attaques successives de la maladie qui vient de l’enlever lui avaient ôté les moyens de se livrer aux fonctions de l’enseignement. Il retrouva quelques forces pour installer l’élégant et fidèle traducteur des Bucoliques, qu’il avait demandé pour suppléant.

» On n’oubliera jamais cette séance mémorable où, entouré de sa famille, aux acclamations de ses confrères, et d’une jeunesse attendrie, il exprimait, en vers si touchans et si beaux, les plus doux sentimens de son cœur et ses volontés suprêmes. Hélas ! c’était la dernière fois que sa voix devait se faire entendre sous ces voûtes. C’est par ce triomphe du talent uni à la plus douce sensibilité que s’est vu terminée la carrière la plus brillante que jamais professeur ait parcourue. J’avais reçu sa première leçon, j’ai joui de la dernière : il m’honora d’une amitié constante. Puisse cette réunion heureuse de circonstances donner quelqu’intérêt à ce faible hommage que j’appose sur la tombe de l’homme aimable et du grand poëte que nous regrettons » !

M. Arnault a succédé à M. Delambre, et s’est exprimé en ces termes :