Lorsque l’on s’arrête devant ce tombeau, on a peine à retenir ses larmes, en pensant à la respectable famille qu’elle renferme et en réfléchissant sur la légitimité de la douleur qui causa la mort des deux mères estimables qui y reposent auprès de leurs Enfants.
Madame Atrof, née Convers, avait deux filles, (Nathalie et Eulalie), qui faisaient tout le bonheur de sa vie. Ces jeunes enfans donnaient les plus grandes espérances ; quoique encore dans la plus extrême jeunesse, tout semblait annoncer en elles qu’elles auraient la sensibilité, la bonté, toutes les vertus de leur mère. L’aînée, âgée de six ans, après une maladie vive, contre laquelle tous les efforts de l’art furent inutiles, succomba à ses souffrances et termina sa vie le 26 Décembre 1805. Eulalie, atteinte de la même maladie de sa sœur, ne lui survécut que deux mois. Elle mourut le 26 Février 1806, âgée de trois ans et demi.
Rien ne put consoler madame Atrof d’une perte aussi sensible. À une douleur vive à laquelle on ne pouvait apporter aucun soulagement succéda un chagrin lent qui, plaçant dans son cœur le dégoût de la vie, ne lui permit plus de trouver le bonheur que dans l’espoir prochain qu’elle concevait d’être bientôt réunie à tout ce qu’elle aimait. Ni l’attachement qu’elle avait pour son époux, ni les égards, les soins, les prévenances toujours nouvelles que celui-ci avait pour cette femme qui lui était si chère, rien ne put ranimer en elle le désir de vivre encore. Après avoir vécue, ou plutôt languit dans cet état de consomption pendant près d’un an et demi, elle expira le 26 Juillet 1807, âgée de 26 ans et demi, en exprimant à sa dernière heure tout le contentement qu’elle éprouvait en quittant cette vie, et en priant son époux et sa mère de réunir dans la même tombe son corps à celui de ses enfants
Madame Convers, sa mère, âgée alors de soixante-six ans, frappée dans tout ce qu’elle avait de plus cher, accablée de