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Page:Arnaud - Recueil de tombeaux des quatre cimetières de Paris, 1.djvu/7

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DÉDICACE.


AUX ÂMES SENSIBLES.


C’est à vous, âmes sensibles, à qui je dédie cet ouvrage. En effet, à qui pourrait-il mieux convenir ?

L’homme du monde, livré à ses affaires et à ses plaisirs, tourmenté par l’ambition ou le désir insatiable des richesses, est-il susceptible d’éprouver quelques sentimens tendres ? est-il capable d’arrêter un seul moment son esprit sur cette vérité, que toutes ces futilités qu’il poursuit avec tant de persévérance, que toutes ces jouissances auxquelles il se livre et dans lesquelles il semble trouver le bonheur, passeront avec la rapidité de l’éclair ? Quand même il pourrait se persuader que le sort, pendant toute sa vie, ne lui sera jamais contraire, s’avisera-t-il une seule fois, dans le silence de ses méditations, de penser qu’un jour viendra où il faudra que toutes ces choses l’abandonnent ? non ; son égoïsme, son amour de lui-même, les soins qu’il prend d’éloigner de lui tout ce qui pourrait, en jetant le trouble dans son cœur, diminuer ses jouissances, lui rendront constamment étrangères de pareilles réflexions. Cet ouvrage ne peut donc avoir pour lui aucune espèce d’intérêt. C’est un monument élevé contre son insensibilité et la dureté de son cœur. En vain lui rappellerait-il les personnes qui ont contribué à son avancement, à son élévation, à sa fortune, son œil, que jamais n’hu-