Page:Arnaud - Recueil de tombeaux des quatre cimetières de Paris, 2.djvu/10

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Si Grétry nous est ravi par la commune loi, les trésors de sa féconde imagination nous restent.

Cet héritage, précieux pour nous et nos neveux, a fait partie de la gloire du siècle qui vient de finir, et sera une source inépuisable de jouissances pour le siècle qui vient de commencer.

Faible émule d’un si grand maître, d’un maître inimitable ; en un mot, d’un Molière de la comédie lyrique, il me serait doux d’offrir à ses mânes le tribut de l’admiration dont je suis pénétré, et d’être le digne interprète des regrets de la classe des beaux arts de l’Institut ; mais je sens qu’il y aurait une présomption sacrilège à entreprendre une tâche qui est au-dessus de mes forces. D’ailleurs, il est des hommes dont la renommée est à la fois si élevée et si populaire qu’il suffit de les nommer pour rappeler les grandes qualités qui les distinguent. Grétry est de ce nombre, et Grétry a autant d’admirateurs et de panégyristes qu’il existe d’ames sensibles au bel art dans lequel il s’est illustré.

Je me bornerai donc à dire qu’il fut honoré pour ses talens, aimé pour sa personne, estimé pour son caractère, et qu’il sera long-temps regretté par sa famille, par ses amis et par ses nombreux admirateurs.

VERS sur la mort de ce grand Musicien.

Quels sinistres accens ! j’entends des cris funèbres !
Le ciel est obscurci par d’épaisses ténèbres.
Muse, suspens ta lyre… en ce long jour de deuil,
Grétry, nouveau Linus, descend dans le cercueil !
Le célèbre Grétry, d’éternelle mémoire,
Vécut trop peu pour nous, mais assez pour la gloire,
Et son nom, cher aux arts, de toutes parts cité,
Passera, d’âge en âge, à la postérité.

Dusausoir, de l’Athénée des Arts.