Page:Arnaud - Recueil de tombeaux des quatre cimetières de Paris, 2.djvu/126

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ter sur la vie ! À peine puis-je rencontrer un tombeau qui renferme un corps plus jeune que le mien et qui ne me crie, viens… et dans le monde entier que trouvé-je qui me rappelle et m’attache à la vie ?

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Le monde et ses plaisirs imposteurs ne m’en imposent plus. (Ce n’est que dans la tristesse que l’homme sait les apprécier.) Les pièges que le vice me tendait sous les fleurs sont découverts ; la vertu laisse tomber son voile et je peux contempler tous ses charmes.

Comme la vie s’écoule devant moi ! Je vois les hommes tomber comme la feuille de l’automne : les objets de leurs désirs me paraissent aussi légers, aussi vils que la poussière qui s’élève sous leurs pas. Plus je considère la vie, plus elle me paraît vaine.

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Et pourquoi frémir à la pensée de la mort ? Ce passage n’est pas si terrible que nous l’imaginons. Ingénieux à nous créer des alarmes, nous nous tourmentons de nos chimères ; nous nous formons un fantôme ; nous lui donnons des traits menaçans, et bientôt oubliant qu’il est notre ouvrage, notre peur l’anime, nous frissonnons à ses pieds et nous ne pouvons plus lever les yeux sur lui sans pâlir de terreur.

L’image infidèle que nous formons d’après nos conjectures, n’a presque aucune ressemblance avec l’original. Et quel peintre a pu saisir les véritables traits de la mort ? Ce tyran ne se repose jamais un instant. La crainte agite le pinceau dans nos mains tremblantes. L’imagination exagère, l’ignorance charge le portrait de ses ombres, et la raison s’en épouvante.

Où est-elle la mort ? Toujours future ou passée ; dès qu’elle est présente, elle n’est déjà plus. Avant que l’espérance nous