Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/118

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tageant les sensations des animaux, et leur image me fait penser que notre espèce se distingue des autres en ce qu’elle a reçu le privilège de pouvoir se dénaturer ; mais, s’il lui est permis de s’abaisser jusqu’à la brute, il lui est donné de s’élever jusqu’aux anges, et je réserve ma plus tendre estime aux âmes en qui j’aperçois quelque trace de cette grandeur.

« Je reviens à ma conversation avec Julie. Tandis que j’appréciais en vous cette constance, qui fait qu’ôté un seul objet, il n’y a plus rien sur la terre qu’on puisse aimer de la même manière, mon amie me parlait de votre conduite estimable et difficile dans votre intérieur, de votre zèle à remplir vos devoirs quelque pénibles qu’ils puissent être, de votre tendresse pour vos enfants et de l’inquiète sollicitude que vous cause leur future destinée. Toutes deux, nous nous réunissions pour voir en vous une honnête et excellente créature, malheureuse sans doute, mais nous nous obstinions à croire malgré vous que le dédommagement arriverait enfin dans bien longtemps, mais nous voyons plus loin que vous.