Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/187

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tant plus que ce n’est pas seulement mon enthousiasme qui s’en étonne, mais mon amitié qui s’en afflige.

« Quand je vous vois cette disposition à voir en mal ce que je vous peins en beau, je ne puis croire qu’il y ait dans votre cœur ce sentiment tendre qu’il me serait si doux d’y trouver. Il me semble que, s’il y était, il adoucirait en ma faveur la prévention de votre esprit ; vous croiriez bien toujours que j’exagère, vous pourriez même me plaisanter sur mon enthousiasme et vous efforcer de le modérer en me parlant raison, mais il y aurait au fond de votre âme une sorte de bienveillance pour l’objet de mes éloges et, tout en cherchant à me prouver que je m’abuse, vous ne pourriez vous empêcher d’aimer un peu celui que votre sœur admire beaucoup.

« C’est ainsi que sont faites les amitiés où les cœurs s’entendent, tandis que les esprits se contredisent ; mais si vous ôtez de la vôtre cet attrait qui, en dépit de la raison, force à aimer ce que votre ami aime, que lui restera-t-il ? Il lui restera toujours la mienne, qui toujours