Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/254

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« J’ai pourtant fait hier une charmante promenade, depuis sept heures du matin jusqu’au dîner, dans tous les jolis vallons de la Bassere, gravissant, descendant sans cesse. Nous avons monté plus de six montages et parcouru autant de vallées ; la nature était si fraîche, le jour si beau, le printemps si brillant ! Je pense à toi ; mais l’excès de la chaleur et de la fatigue m’empêchait presque de te regretter. Mlle Soubies était avec nous, je me suis promis de ne point faire d’autres promenades sans elle pendant ton absence et j’espère que tu ne me blâmeras pas ; elle marche aussi bien que moi et pourtant elle était lasse.

« Éliza seule ne l’était pas. La raison en était simple, une nouvelle passion l’absorbait, et tu sais qu’une passion met dans le ciel et que, quand l’âme est dans le ciel, le corps ne sent plus ses chaînes, elle emporte avec soi tout l’homme. Toute la fatigue d’Éliza était donc emportée par le plaisir de contempler et de caresser son petit chien, dont elle a su s’assurer la possession en dépit de tous mes efforts. Elle a passé près de huit heures à marcher, le