Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/291

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pensée que dans peu il ne serait plus temps d’exercer sa puissance d’aimer. La blessure faite par un autre avait besoin d’être pansée, adoucie, cicatrisée ; sans doute aussi, ces idées de haute piété dont elle entretenait Mme de Pastoret avaient changé, pour laisser place à d’autres, si tant est qu’il y en a ne laissant jamais place aux faiblesses humaines. Et la femme qu’elle était, si passionnée dans sa correspondance, si ardente dans ses héroïnes, à qui elle prêtait sa propre nature, quelles luttes ne dut-elle pas soutenir contre elle-même et eut-elle l’héroïsme de n’y pas succomber ? La physiologie féminine ne permet guère de l’admettre.

Quoi qu’il en soit, lorsque Azaïs vint à Paris au commencement de l’année 1806, leur idylle appartenait si bien au passé qu’ils purent se revoir sans trouble. Mais, avant son arrivée, Mme Cottin crut de son devoir de le prévenir de l’attitude qu’elle comptait prendre au sujet de la doctrine qu’il venait exposer, doctrine dont elle avait été fascinée elle-même un instant, mais qu’elle jugeait, maintenant, d’un esprit assagi.