Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’entreprendre l’ouvrage dont vous me parlez. Ce serait une belle tâche à remplir que de prouver aux hommes combien le bonheur est facile, mais d’autres l’ont dit avant moi beaucoup mieux que je ne saurais le faire : ils n’ont persuadé personne. Quelle présomption ne faudrait-il pas pour espérer réussir, et, sans espérance, il n’y a pas de courage. D’ailleurs, je vous l’avoue, il est certaines pensées qu’on aime, que l’on révère si profondément, qu’on croirait faire une profanation en disant tout le bonheur qu’elles donnent, lorsqu’on est presque sûr qu’on ne vous croira pas.

« J’ajouterai que plus je réfléchis sur ce sujet, plus il me semble que Dieu a donné aux femmes la mission de prêcher les vertus simples et le modeste bonheur par leur exemple, bien plus que par leurs écrits. La vie d’une femme doit être toute de pratique, et quelque bonnes que soient les choses qu’elle écrit, il vaudrait encore mieux qu’elle les fît. Voilà ce qu’on dira à celle qui se hasardera à donner des conseils de morale ; voilà ce qui arrêtera mon courage pour traiter ce sujet, lors même