Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/321

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crus que je pouvais tout juger ; dans mon profond aveuglement je sentis que je pouvais tout croire : éblouie par cette fausse lumière que vous me présentiez, je laissai égarer mon jugement et, par les continuelles louanges que je ne cessais de vous prodiguer, j’égarai le vôtre encore davantage.

« Ah ! mon ami, quel mal je vous ai fait, quel mal irréparable, peut-être, en vous plaçant au-dessus de tous les hommes, en vous peignant à vous-même comme un génie qui allait changer l’ordre du monde, en vous présentant comme un trône de gloire, en faisant briller à vos yeux tous les rayons qui devaient l’environner. Voilà pourtant ce que j’ai dit, ce que j’ai fait, dépouillant cette humble défiance, cette sage réserve, véritable trésor de mon sexe. Je vous ai excité, encouragé dans vos erreurs ; sans moi, vous auriez conservé plus de doute, vous seriez venu avec moins d’assurance, vous auriez consulté avant de publier ; ne vous voyant approuvé de personne, vous n’auriez plus été si sûr de vous, et, peut-être, vous seriez-vous arrêté à temps.