Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/325

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semble vous voir marcher vers un abîme, et chaque pas que vous faites vers lui éveille un remords dans son cœur, comme si c’était elle qui vous y eût poussé.

« Ah, souvenez-vous combien vous m’avez dit souvent qu’avant de publier vos pensées, vous les soumettriez à l’approbation des gens instruits et que ce n’est qu’autant qu’ils les trouveraient justes, que vous les mettriez au jour. Dites-moi un homme, un seul homme qu’elles aient, je ne dis pas persuadé, mais séduit un moment, et je vous donne ma parole de ne plus faire aucun effort pour vous empêcher de poursuivre votre chemin.

« Ma lettre ne vous arrivera que quand votre cours sera commencé, et je sais bien que, quand elle serait arrivée avant, elle n’y aurait pas mis obstacle. Une personne, qui s’est égarée comme moi, ne doit pas s’attendre à pouvoir persuader ; et la vérité en passant par sa bouche perd toute son autorité. Ce n’est donc point sur moi que je compte, mon ami, mais sur vous dont l’esprit est si sain, le jugement si droit, quand vous ne les appliquez pas à l’erreur qui vous perd.