Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/36

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chement composés, ils ont plu parce que leur frénésie, leur délire sacré, est la glorification éperdue de la passion. Devoir, honneur, autorité, doux lien conjugal ne sont rien contre la force divine qui pousse les amants et, fussent-ils adultères, ils sont sublimes. Il faut les admirer, les prendre pour modèles. Doctrine plus qu’inquiétante, négation de la morale, antisociale, anarchique, qui ruine le mariage et la famille, et dont le premier inventeur est Rousseau. »

Celui-ci est un peu bien sévère. La pauvre Mme Cottin immorale et anarchiste ! Elle ne se fût pas reconnue, et avec raison, car elle en était bien innocente. Le roman est un délassement de l’esprit, un produit et une jouissance de l’imagination, une étude de mœurs et non forcément une thèse à soutenir, ou la morale prouvée par l’exemple. Le réalisme qui a succédé au romantisme, dont Rousseau et ses disciples ont été les précurseurs, l’a rabaissé et amoindri ; mais, tant que la flamme de l’idéal et de l’enthousiasme l’anime, il est une œuvre d’art et ne doit pas être jugé à un point de vue étroit et bourgeois.