Page:Arnold - La Lumière de l’Asie.djvu/17

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et la moralité courante, que tous, même les plus humbles, peuvent réaliser.

Sa religion, dépouillée des mille superstitions dont l’ont affublée les bonzes, les lamas et les talapoins, ne consiste donc pas, même dans sa partie ésotérique, en des démonstrations extérieures, mais, suivant la belle définition du grand roi Açoka, elle se résume dans « la pitié, l’aumône, la véracité, la douceur, la bonté[1] ».

Le premier dans l’humanité — et, au sein d’une société opprimée par le système des castes, la tyrannie des radjahs, et le dogmatisme étroit des Brahmanes — Sakyamouni a osé préconiser l’égalité[2], la tolérance[3], la pensée libre[4], et la charité la plus large qui ait jamais

  1. Un roi de l’Inde au IIIe siècle avant notre ère, par M. de Senart, de l’Institut (Revue des Deux-Mondes, p. 83, 1889).
  2. V. Bumouf. Introduction à l’histoire du bouddhisme indien, p. 211.
  3. « Il ne faut pas, dit Açoka, exalter sa croyance en décriant les autres, mais, au contraire, en toute occasion leur marquer son respect de toute façon, etc. » (Senart, loc, cit.)
  4. « Ne croyez pas, a dit Bouddha, ce que vous avez entendu dire ; ne croyez pas aux traditions parce qu’elles ont été transmises par de nombreuses générations ; ne croyez pas une chose parce qu’elle est répétée par beaucoup de personnes ; ne croyez pas uniquement parce que l’on vous produit un écrit d’un ancien sage ; ne croyez pas aux conjectures ; ne croyez pas vrai ce à quoi vous êtes attachés par habitude ; ne croyez pas uniquement sur l’autorité de vos maîtres et de vos aînés ; après observation et analyse, quand un principe est conforme à la raison et conduit au bien et à l’avantage d’un et de tous, acceptez-le et tenez vous-y. » (Anguttura Nikaya, cité dans le compte rendu du Parlement des religions. Vol, II, p. 869.)