Page:Arnold - La Lumière de l’Asie.djvu/38

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Parmi les étrangers, vint un saint à cheveux gris, Asita, dont les oreilles, depuis longtemps fermées aux bruits de la terre, percevaient les harmonies célestes, et pendant qu’il était en prière sous son arbre pipal[1], il entendit les Dévas chanter des chants en l’honneur de la naissance de Bouddha. Il était doué d’une science merveilleuse, grâce à son âge et à ses jeûnes, et quand il s’approcha, il avait l’air si vénérable que le Roi le salua, et que la Reine Maya coucha son enfant aux pieds saints de l’ascète : mais quand il vit le prince, le vieillard s’écria : « Ah ! Reine, ne fais pas cela », et il prosterna huit fois dans la poussière son visage ravagé, disant ; « Ô enfant ! je t’adore ! Tu es Lui ! Je vois la lumière rosée, les lignes de la plante des pieds, la douce empreinte recourbée du Swastika[2], les trente-deux signes sacrés principaux et les quatre-vingts marques de moindre importance. Tu es Bouddha, tu prêcheras la Loi et sauveras tous les êtres qui l’apprendront, mais je ne t’entendrai pas, car je mourrai trop tôt, moi qui naguère appelais la mort ; toutefois, je t’ai vu. Sache, ô Roi, qu’il est la fleur de notre arbre humain qui ne s’épanouit qu’une fois dans bien des myriades d’années, mais qui, ouverte, remplit le monde du parfum de la Science et du miel de l’Amour ; de ta sou-

  1. Dit aussi banian, ficus religiosa.
  2. Signe magique qui a la forme d’une croix aux extrémités recourbées.