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bondit par strophes, et l’on voit que cette difficulté même est pour lui un attrait.

Aurait-il su « marcher » avec mollesse, avec grâce dans l'élégie ? C’est douteux malgré son succès dans les stances amoureuses qu’il composa pour Alcandre (Henri IV, dont il se fit l’entremetteur poétique) Lal. p. 151-170. Boileau dira bientôt la vérité sur ce genre

C’est peu d’être poète, il faut être amoureux.

Il est probable que l’orgueil faisait illusion à Malherbe pour l’élégie aussi bien que pour le théâtre (voir an. 6).


Les paraphrases de Psaumes.

Anecdote 10.
(P.214°.)

Quand il montroit quelque Pseaume qu’il avoit mis en vers, et qu’on lui marquoit des endroits où il n’avoit pas suivy le sens de David, il répondoit, Je ne m’arreste pas à cela ; J’ay bien fait parler le bonhomme David autrement qu’il n’avoit fait.


Tallemant, I, 287, rapporte le mot en l’appliquant à un seul psaume : « Je croy bien », dit Malherbe ; « suis-je le valet de David ? J’ay bien fait parler le bonhomme autrement qu’il n’avoit fait. »

« Bien… autrement >, qui se retrouve dans les deux rédactions, signifie bien mieux, comme lorsque nous disons familièrement : « Ce travail sera autrement fait par un tel que par un tel ». Ce sens serait à ajouter à l’article autrement dans Littré et dans le dictionnaire de l’Académie française, qui mentionnent seulement le sens voisin bien plus : Académie, édition 1877, « Ceci est tout autrement important, est bien plus important. » — Littré, « Tout autrement, beaucoup plus. On ne peut nier que cette méthode de traiter la dévotion n’agrée tout autrement au monde que celle dont on se servait avant nous, Pasc. Prov.9. » Le Lexi-