Aller au contenu

Page:Arnould - Anecdotes inédites sur Malherbe, 1893.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les parodies.

Anecdote 22. (P. 230.) Dans l’Édition de toutes ses Œuvres, qui fut faite après sa mort, on a recueilly bon et mauvais, sans aucun choix, ni aucune distinction ; tesmoin cette pièce si chétive, qu’il fit sur le mariage du Roy Louis XIII. et qui commence,

Cette Anne si belle

Qu’on vante si fort,
Pourquoi ne vient-elle ?

Vray’ment elle a tort !

Pour s’excuser, il disoit qu’on l’avoit trop pressé. Une autrefois il disoit qu’il l’avoit faite ainsi exprès, pour empescher qu’on ne lui demandast trop souvent des vers. Tantôt il alléguoit, qu’il les falloit ainsi pour l’air ; et enrageoit de ce qu’il n’avoit pas de meilleures raisons à dire. Théophile, qui le picottoit toujours, en fit une parodie, qui commençoit,

Ce divin Malherbe,

Cet esprit parfait.
Donnez-luy de l’herbe,

N’a-t-il pas bien fait ?

Luy mesme, ou quelque autre, en fit aussi une de cette pièce de quatrains où le second vers est :

Cela se peut facilement,


et le quatrième,

Cela ne se peut nullement.

I. Dans la première partie de l’anecdote il s’agit de l’édi-