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sociale, ils n’en étaient que plus résolus à faire respecter par les soldats de Bismark, l’intégrité de la France, l’honneur de Paris.

Ils ouvraient leurs bras à l’univers démocratisé, mais à condition que leurs bras, ne fussent point chargés des chaînes de la conquête barbare, ou marqués des stigmates de la honte.

Qu’on ne m’accuse point d’exagération, ni d’enthousiasme intempestif : ce que je raconte, je l’ai vu, je l’ai entendu. Des centaines de mille témoins l’ont vu, l’ont entendu comme moi.

Si j’y insiste, c’est qu’à mes yeux, ces affirmations de la foule anonyme doivent être, désormais, les grands faits de l’histoire démocratique.

On les a trop négligés jusqu’à présent, on les néglige trop encore.

Ceux qui écrivent, en général, dominés à leur insu par la vieille tradition monarchique, féodale et bourgeoise, s’appliquent surtout à peindre les faits et gestes de quelques individualités marquantes, ou de quelques groupes à part.

On nous dit beaucoup ce qui se passait à la Corderie, ce que pensaient, ce que voulaient tels et tels, l’origine et les péripéties de la formation du Comité central, les agissements de certaines sections de l’Internationale, dont faisaient partie, naturellement, ceux qui en parlent. On oublie la rue et la foule, cet être anonyme, à millions de cerveaux qui conçoivent, à millions de bras qui luttent.

La Révolution, c’est le peuple ; la Commune, c’est le peuple ; la démocratie, le socialisme, c’est le peuple !

A côté des actes passagers et souvent discutables accomplis par les individus, il y a la pensée, la volonté de la foule.