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Cet engagement solennel, Paris devait le tenir jusqu’au bout, mais à quel prix !

Quelques agents provocateurs, quelques mouchards, ayant été surpris dans la foule, furent sévèrement punis, et justement.

Le peuple de Paris n’était plus d’humeur à supporter le contact immonde ou les insultes de cette police de boue, qui n’a été, entre les mains des gouvernements, qu’une conspiration permanente contre la liberté et la dignité des honnêtes gens.

La majorité de la population bourgeoise elle-même était, d’ailleurs, plutôt favorable qu’hostile à ce mouvement puissant et paisible.

Les boutiquiers, devant leur porte, regardaient défiler les bataillons d’un air généralement bienveillant. Le soir, la boutique fermée, ils se rendaient, avec leurs femmes et leurs enfants, sur la place de la Bastille, se mêlaient aux groupes populaires, y prenaient part aux discussions, et pas une voix ne s’élevait pour défendre Trochu et ses collègues de l’hôtel de ville ou de l’Assemblée de Bordeaux.

Un seul boutiquier, habitant le boulevard Beaumarchais, marchand de vins restaurateur, ayant refusé de donner à boire à deux volontaires de Garibaldi et essayé de les chasser, quelques gardes nationaux fermèrent la boutique, clouèrent les volets et y collèrent un écriteau énonçant le méfait et la peine.

Tout cela s’accomplissait froidement, avec une résolution ferme, dépourvue de cris et d’agitation inutile.

Quelques soldats se mêlèrent aussi à ces manifestations, mais en petit nombre. Ceux qu’on voyait dans la foule écoutaient et regardaient, l’air hébété, sans comprendre.