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de semblables mécomptes et des souffrances pareilles pour l’avenir.

Paris avait donc appris le mépris absolu des deux seules formes gouvernementales qui eussent été jusqu’alors en présence dans notre pays : — La monarchie et la République oligarchique ou bourgeoise.

De l’une comme de l’autre, il n’avait rien à espérer. Seulement, à l’avantage de la seconde, il y avait ceci, c’est qu’elle pouvait se transformer sans secousse violente, par le simple jeu normal des institutions, et permettre au peuple d’y conquérir pacifiquement sa place légitime.

Du moins, le peuple l’espérait-il.

Paris donc, tout en haïssant, en méprisant comme elle le mérite, cette duperie qu’on appelle la République bourgeoise, tenait au mot de République et à la forme républicaine, dont l’élasticité naturelle lui paraît se prêter aux efforts croissants, aux progrès successifs.

Mais Paris venait, de plus, de passer cinq longs mois entièrement séparé du reste de la France. Pendant ces cinq mois de lutte contre les Prussiens et le gouvernement de l’hôtel de ville, il avait eu la révélation de sa propre force, de son énorme vitalité, de sa supériorité morale sur les maîtres qu’il s’était donnés.

Ces maîtres, pour justifier l’exercice du pouvoir, qu’avaient-ils fait ?

Ils avaient énervé la défense, gaspillé les ressources immenses de la capitale, livré cette capitale aux Allemands, alors que la population était prête aux plus grands sacrifices pour éviter cette extrémité, et finalement jeté la France meurtrie, vaincue, aux pieds de la réaction triomphante.