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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v1.djvu/117

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D’autre part, comme je l’ai déjà indiqué, malgré la mauvaise volonté du gouvernement, son incapacité, ses trahisons et sa conspiration permanente, Paris avait joui, pendant le siège, et depuis la capitulation, d’une immense liberté de fait.

Malgré les arrestations opérées à la suite du 31 octobre et du 22 janvier, malgré les journaux supprimés et les clubs fermés, liberté de la presse, droit de réunion et d’association, s’étaient, durant une longue période, exercés dans leur plénitude, sans qu’aucune loi restrictive eût été changée ou abolie, à la vérité, mais par la simple force des choses.

La fermeture même des réunions publiques, après le 22 janvier, n’avait pas empêché les citoyens de se réunir et de parler, selon leur cœur, des affaires politiques.

Est-ce que chaque compagnie de la garde nationale n’était pas un club permanent ?

Est-ce que chaque poste, chaque corps-de-garde n’était pas un lieu de réunion tout trouvé, dont le bon plaisir du gouvernement ne pouvait franchir l’enceinte ?

Les hommes de l’hôtel de ville, placés en face d’une immense cité qui comptait de trois a quatre cent mille hommes armés, parmi lesquels au moins deux cent mille ouvriers des faubourgs et démocrates de toutes les classes, n’avaient ni la force de lutter contre cette puissance formidable, ni même le loisir de le tenter avec quelque suite, quelque ensemble, alors que les Prussiens bombardaient la ville.

Depuis la capitulation et la fuite du gouvernement à Bordeaux, ç’avait été mieux encore. Paris se régissait, se gouvernait absolument seul.