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du maire, qui représente le préfet, qui représente le pouvoir central, qui représente le principe d’autorité, qui représente le passé, c’est-à-dire la force maîtresse du droit, l’esclavage politique, social et moral, la violence, la misère, le privilège.

En effet, Paris, qu’on accuse de gouverner la France, à qui on reproche d’imposer ses volontés à la France, a toujours été, jusqu’à présent, serf des serfs de la France.

Paris fait les Révolutions, mais la province fait les gouvernements. Les Révolutions durent trois jours ou trois mois : les gouvernements durent vingt ans.

Paris fait les journées de juillet 1830 : la province se livre aux d’Orléans et maintient Louis-Philippe pendant dix-huit années.

Paris fait le 24 février et les journées de juin 1848 ; la province lui envoie ses Falloux, ses mobiles et Louis-Napoléon Bonaparte.

Paris proclame la République ; la province lui répond par les pontons de Cavaignac et l’Empire.

Pendant vingt années, Paris vote contre l’Empire, et pendant vingt ans la province consacre l’Empire par la nomination des candidats officiels et deux plébiscites dont on connaît les écrasantes majorités.

Pendant ces vingt ans, Paris républicain, révolutionnaire et socialiste, est donc contraint de subir le gouvernement personnel, despotique, réactionnaire et avilissant que la province juge à propos de lui envoyer.

Pendant ces vingt ans, la population parisienne, en guerre avec ce gouvernement étranger, qui n’est point son fait, qui viole sa conscience, qui insulte à toutes ses croyances, subit le sort d’une ville conquise, à la merci des sergents de