Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v1.djvu/123

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l’armée, et réclame le droit indéniable de nommer elle-même son chef suprême.

C’est tout ce que Paris aime et veut, qu’on lui bafoue et qu’on lui retire.

C’est tout ce que Paris a défendu du plus pur de son sang, durant cinq mois d’un siège plein d’angoisses et de souffrances cruelles, qu’on traîne devant lui dans la boue et qu’on s’apprête à fouler aux pieds.

Des vœux de cette grande ville, qui compte à elle seule presque autant d’habitants que certains pays indépendants, qui représente, en nombre, le dix-huitième de la population française, et à qui personne ne conteste d’être la portion la plus éclairée et la grande valeur intellectuelle de la patrie commune ; des vœux de cette ville, on ne tient aucun compte. Non-seulement ils sont comme non avenus, mais encore on n’a pas même pour eux les égards de forme qui adoucissent te refus et permettent de l’accepter sans en être avili.

Loin de là, on affecte de retourner le fer dans la plaie, de joindre l’affront au déni de justice, de mêler agréablement la provocation impudente à la violence des actes, de frapper la joue en même temps que le cœur.

Cette histoire est l’histoire de Paris depuis quatre-vingts ans !

Voilà comment Paris gouverne la France et exerce sur elle cette fameuse dictature qu’on lui reproche avec une si amère ironie.

Paris est la chose, le jouet et la victime de Quimper-Corentin, de Brives-la-Gaillarde, du dernier hameau du département le plus arriéré, le plus encroûté dans l’ignorance et l’hébétement religieux.