Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v1.djvu/128

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teurs. Ceux-ci, mal payés, affamés, domestiques du curé, tremblant de déplaire au garde-champêtre, au maire, au recteur, à l’évêque, au ministre, se découragèrent, s’abaissèrent, et l’instruction distribuée par ces mains perfides ou impuissantes, loin d’être un danger pour le Pouvoir, devint son meilleur appui, en faussant les intelligences qu’elle atteignit.

De la sorte, quatre-vingts ans après la grande Révolution, on pourrait comparer la France à un immense désert où percent quelques oasis, représentés par deux ou trois grandes villes.

Plus on a marché, plus l’œuvre est devenue difficile, par cette raison que les différences de niveau ont été en s’augmentant.

Pendant que la centralisation administrative broyait les caractères, annihilait les vertus nationales, et créait à l’extérieur une unité factice sur les débris de l’initiative privée, l’unité intellectuelle et morale se brisait en mille morceaux d’inégale grandeur, que rien ne reliait plus entre eux.

En effet, qu’y a-t-il de commun entre un hameau de la Basse-Bretagne et un faubourg de Paris ? Rien que l’écrasement uniforme sous Bonaparte, Thiers, Mac-Mahon ou le maître quelconque du gouvernement.

D’un autre côté, la Révolution avait, en partie, rendu la terre au paysan.

De serf, il était devenu propriétaire, propriétaire accablé d’impôts, rongé par les hypothèques et l’usure, affamé sur le champ où il use ses forces, il est vrai, mais enfin propriétaire et maître chez lui, après l’Etat, le percepteur et le juif !

Le paysan a donc gagné, ou, plutôt, croit avoir gagné à la Révolution, tandis que l’ouvrier des