Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v1.djvu/26

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merveilleux. Pendant deux heures, les bataillons en armes, dont les baïonnettes reluisaient gaiement au soleil riant, défilèrent, musique et tambours en tête, venant du boulevard ou des quais. Ce n’était pas une bataille, un assaut, c’était une revue, une fête : Paris se relevant dans sa splendeur.

Un double cordon de sergents de ville et de municipaux barrait les abords du Corps législatif. Il fut brisé sans résistance[1].

Le 53e bataillon passa le second ou le troisième, et traversa le pont entre deux rangées de sergents de ville, pâles, troublés, humbles, demandant pardon.

J’étais sur le côté, l’un d’eux m’interpella.

— N’est-ce pas, citoyen, que nous sommes tous pour la France ? Vive la France !

— Hier, lui répondis-je, vous assassiniez encore les Français, en plein boulevard. J’y étais !

L’agent se tût et regarda la foule avec inquiétude.

Ses camarades l’imitaient, adressant la parole à ceux qui envahissaient le Corps législatif, et semblant se mettre de moitié dans le mouvement qu’ils ne se sentaient plus le pouvoir d’empêcher.

Les gardes municipaux eurent plus de dignité.

  1. Il fut brisé de la façon la plus originale.

    Le premier bataillon qui rencontra cet obstacle, avait à sa tête un tambour maître de taille magnifique

    Le bataillon hésitait. Le tambour-maître, sans se troubler, se retourna, face aux tambours, dos à l’ennemi, et la canne en l’air, marchant à reculons, s’enfonça dans l’obstacle suivi de ses tambours.

    La brèche était ouverte.