Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v1.djvu/35

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Trochu est un sot de province, un sot mystique, en dedans, qui croit à la Vierge. Sa vanité est une vanité pieuse et maladive, massive et timide, compacte, épaisse, lourde, cuirassée et chagrine, qui se dévore elle-même, s’aigrit dans la solitude et l’impuissance, comme une vieille fille, et tourne à la gredinerie.

Ajoutez à cela une intelligence nulle et asservie à la consigné du prêtre ; un esprit où, ce qu’il y a de pire au monde, l’irrésolution égale l’entêtement ; une imagination tournée au noir, qui ne voit que des obstacles, des inconvénients, des impossibilités, s’y attache et s’en repaît ; une conception lente, s’égarant péniblement dans les infiniments petits, se cognant à tous les écueils et s’y cramponnant ; le parti-pris de ne pas vaincre, parce que la victoire eût été un démenti à certains préjugés de caserne ; enfin la terreur folle de la Révolution, la conviction chrétienne que toute révolte contre l’autorité est le plus abominable des péchés, et que le peuple de Paris était un grand coupable que Dieu frappait avec la verge des Prussiens,

Derrière tout cela, l’Église !

Bientôt a ces divers éléments s’en ajouta un nouveau qui leur donna plus d’activité et les exaspéra : le peuple de Paris n’admira pas Trochu, ne crut pas en Trochu, et Trochu ressentit contre le peuple de Paris une haine de dévôt et de vaniteux, haine sourde, cachée, perfide, patiente, qui attend et ne pardonne pas.

Tel était l’homme qui avait charge de sauver Paris.

Derrière Trochu, se dressait Jules Favre, Jules Favre le faussaire, bientôt éclaboussé du sang