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la seule sérieuse pour les trois quarts des Parisiens.

Voilà pour la capacité !

Voici maintenant pour la gastrite :

Quelques jours après, on discuta le rationnement immédiat[1] de la viande de boucherie, et sa distribution uniforme à chaque citoyen.

M. Clamageran combattit cette mesure, déclarant qu’il y avait des estomacs délicats qui ne pouvaient s’accommoder indifféremment de tous les morceaux.

« Quant à moi, ajouta-t-il, qui ai l’estomac fort malade, et qui mange peu, je préfère cent fois un petit morceau de filet, à un gros morceau de qualité inférieure. Il faut donc laisser à chacun la liberté de choisir son morceau, en le payant le prix nécessaire. D’ailleurs, à quoi bon rationner la viande, puisque le rationnement se fera tout naturellement par la cherté qui en diminuera la consommation, sans porter atteinte au grand principe de la liberté du commerce, et sans imposer au gouvernement des ennuis et un surcroît de travail considérable. »

En effet, il n’y avait qu’à laisser faire la spéculation, et la viande eût atteint un prix tellement élevé qu’il n’y aurait eu que les millionnaires, les membres du gouvernement et M. Clamageran qui auraient pu s’en procurer.

Le reste serait mort de faim ou aurait mangé ses poings.

Ajoutons que ce système du rationnement par la cherté fut, au début, préconisé plusieurs fois dans les conseils du gouvernement, qui lui était

  1. C’était à la mairie du premier arrondissement.