Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v1.djvu/66

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Toutes les sorties, d’abord victorieuses, avaient échoué. La famine était venue avec le rationnement du pain ; puis, comme ce rationnement, qui enlevait aux habitants plus de la moitié de leur nourriture sérieuse, ne soulevait aucune protestation, n’amenait aucune demande de capitulation, le gouvernement, poussé à bout, fit confectionner un pain composé de balayures, de paille, d’avoine, de riz et de détritus de lentilles que les estomacs les moins délicats pouvaient à peine supporter.

Tout fut inutile ! La garde nationale n’en réclamait qu’avec plus d’énergie la sortie en masse.

« Puisque le pain va manquer, disait-on, il n’y a plus à hésiter ; il faut tenter un suprême effort, réunir toutes les forces viriles de la défense sur un ou deux points, faire une trouée et aller rejoindre les armées de la province. »

Paris, abandonné aux gardes nationaux sédentaires, aurait succombé, mais cela importait peu, puisque les deux cent mille hommes de l’armée régulière et des bataillons de marche sauvaient de la sorte leurs armes et leur liberté, et apportaient leur concours aux autres défenseurs organisés par Gambetta.

Je ne sais si ce plan était pratique, mais il valait bien la reddition pure et simple, et nous aurait coûté moins de sang que le sac de Paris, au mois de mai, par les Versaillais.

Pendant que les hommes armés de la grande cité nourrissaient ces projets héroïques, pendant qu’ils réclamaient la guerre à outrance, la sortie en masse, et préféraient la mort à la honte, le gouvernement agissait sur l’armée régulière.

Là, parmi la ligne et les mobiles, on avait organisé une propagande des plus actives : la