Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v1.djvu/70

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chapeau quelquefois, se plaçait à côté de lui et l’accompagnait le plus loin possible.

Souvent elle était pâle, jamais elle ne montrait de faiblesse. Sa présence était un encouragement, une excitation caressante à vaincre toute hésitation. A celui qui allait donner son sang, elle apportait son cœur, tout ce qu’elle pouvait donner.

Sa présence lui disait :

— Fais ton devoir, comme je fais le mien !

Quand il fallait se séparer, on s’embrassait fortement, mais sans larmes, ou, s’il y avait une larme dans les yeux, elle ne tombait que loin du mari-soldat, alors qu’il ne pouvait plus s’en trouver affaibli.

Qui a vu cette armée civique, n’en pourra plus jamais voir d’autre, sans dégoût.

Parmi les officiers qui marchaient en tête de cette troupe enthousiaste, je remarquai un grand nombre de chefs de l’Association Internationale. Après avoir organisé le peuple pour la défense des droits du travail contre les privilèges du capital, après avoir organisé les manifestations contre la guerre, à l’époque où Bonaparte faisait crier : « A Berlin ! » par ses agents de police, une fois la République proclamée et la patrie menacée, ils conduisaient leurs amis, leurs compagnons au feu, montrant ainsi que le vrai patriotisme et le vrai courage sont là seulement où règnent les idées de justice et de devoir, loin d’être l’apanage des capitaines Fracasse et de leurs soudards.

On sait quel fut le résultat de cette sortie.

La garde nationale s’y montra magnifique d’élan ; sans canons, mal commandée, ou trompée à dessein, elle enleva toutes les positions