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Quant à cette promesse de sauver l’honneur de l’armée, venant d’hommes tels que le général Ducrot, elle ne trompa personne, et personne n’y crut.

Nous savons trop que l’honneur des généraux bonapartistes n’a rien de commun avec l’honneur des honnêtes gens.

On rédigea donc une proclamation signée des noms de tous les membres de l’Alliance.

Cette proclamation demandait l’élection d’une assemblée communale qui eût assumé la responsabilité d’une nouvelle direction des opérations militaires et d’une tentative suprême de salut[1].

On a dit qu’il était trop tard, et que la capitulation étant devenue inévitable, notre propre succès n’aurait eu d’autre résultat que de faire endosser par le parti révolutionnaire-socialiste la honte de la reddition de Paris.

Cela est possible, et je ne nierai pas que, chez

  1. Voici, d’ailleurs, le texte peu connu de cette proclamation :

    « L’Alliance républicaine au peuple de Paris.

    Les revers continus de l’armée de Paris, le défaut de mesures décisives, l’action mal dirigée succédant à l’inertie, un rationnement insuffisant, tout semble calculé pour lasser la patience.

    Et cependant, le peuple veut combattre et vaincre.

    S’y opposer, serait provoquer la guerre civile, que les républicains entendent éviter.

    En face de l’ennemi, devant le danger de la Patrie, Paris assiégé, isolé, devient l’unique arbitre de son sort.

    A Paris de choisir les citoyens qui dirigeront à la fois son administration et sa défense.

    A Paris de les élire, non par voie plébiscitaire ou tumultuaire, mais par scrutin régulier.

    L’Alliance républicaine s’adresse à l’ensemble des citoyens ;

    Invoque le péril public ;

    Demande que, dans les quarante-huit heures, les électeurs de Paris soient convoqués afin de nommer une Assemblée souveraine de deux cents représentants, élus proportionnellement à la population ;

    Demande encore que le citoyen Dorian constitue la commission chargée de faire les élections. »

    (Suivent les signatures, au nombre de cinquante-trois.)