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croit pas aux momeries religieuses ; il croit à l’honnêteté, au courage, au dévouement.

La possibilité de la défaite et de la trahison, l’hypocrisie et la lâcheté sont choses qui n’entrent point dans son cerveau. Il en repousse l’idée avec un acharnement et un entêtement inouïs. Il n’est point défiant, et commence toujours par nier l’infamie. Il y a chez lui un côté chevaleresque qui l’égare : il ne veut pas prévoir le mal.

Qu’on lui prouve qu’un homme est un coquin, il hésite et craint de se tromper. Qu’on lui raconte du premier venu que c’est un héros, il le croît d’emblée et s’embarque sur cette assurance.

Mais aussi, quand la défiance s’empare de lui, elle le domine et l’entraîne au delà de la justice. Il accuse tout, personne ne trouve grâce à ses yeux, et, pour compenser un excès, il se jette dans un excès contraire.

Ce ne sont là, d’ailleurs, que des crises passagères, et bientôt la véritable nature reprend le dessus.

Or, comme le 28 janvier, au soir, Paris bouillonnait de colère et d’indignation, Paris, qui s’était entiché des marins, et, par suite, des amiraux qui les commandaient, crut tout naturellement que l’amiral Saisset partageait cette colère et cette indignation.

Que les marins aient cédé la place aux Prussiens avec regret, d’accord, mais espérer de leurs chefs autre chose qu’un stérile regret, si même il exista chez les chefs supérieurs, c’était un véritable enfantillage.

Amiral ou général, tout ça se vaut ! Attendre de ces gens-là une folie héroïque, ou seulement une initiative quelconque, c’est peine perdue.

L’habitude d’obéir et de commander a com-