Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v2.djvu/11

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enthousiastes que parmi les bandes armées des généraux bonapartistes, royalistes, conservateurs de toutes couleurs.

Jamais le peuple n’a nourri de pareils projets, n’a prémédité de pareilles monstruosités. On peut lui reprocher souvent d’être trop confiant, trop indulgent envers ses ennemis à terre, mais nulle page de son histoire ne retrace un acte de cette nature.

C’est à peine si les plus effroyables massacres peuvent le pousser à quelques rares représailles, presque enfantines et dérisoires à côté des bains de sang où se plongent périodiquement les Tropmann de l’ordre, de la famille, de la propriété et de la religion.

Mais quoique ces canons ne présentassent, en réalité, aucun danger matériel, et ne dussent jamais tirer le premier boulet contre la ville à leurs pieds, ils présentaient un danger moral incontestable, en donnant prétexte à la réaction d’accuser la garde nationale de mauvais desseins et en répandant l’inquiétude dans une partie de la population.

L’Assemblée de Versailles enchantée, saisissait ce prétexte aux cheveux, et en faisait merveille. Les journaux de police, payés par Thiers, annonçaient tous les jours que la guerre civile était commencée, que le sang ruisselait à flots dans les rues de la capitale livrée au pillage.

Pendant ce temps, la garde nationale, qui n’était point décidée à l’attaque, tout au contraire, ainsi que je l’ai expliqué précédemment, se lassait de faire faction autour de ses parcs improvisés, et de rester pour ainsi dire sur un pied de guerre permanent.

Elle en sentait vivement les inconvénients et