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Cette tentative prouve aussi un fait moral qui a une grande importance, c’est que la garde nationale, même en dehors des faubourgs, même dans le 4e arrondissement qui passait à tort, je l’ai constaté plus tard, pour relativement réactionnaire, à coup sûr pour modéré, n’entendait point se laisser désarmer, et rester sans défense devant l’Assemblée de Bordeaux.

D’autres hommes que les futurs assassins versaillais auraient réfléchi en voyant cette unanimité, en constatant que le mouvement parisien n’était pas cantonné dans les quartiers excentriques, qu’il avait jeté des racines profondes et vivaces même dans les arrondissements du centre, où l’on ne pouvait prétendre que « la crapule des faubourgs » fût en majorité.

Je ne me rappelle point le numéro du bataillon de garde ce jour-là, place des Vosges, mais, quel qu’il fût, il montra une résolution ferme et une énergie calme, dignes des plus grands éloges.

Le 17 mars, au soir, la situation était donc bien nette. D’un côté, Paris, l’arme au pied, décidé à se défendre contre toute tentative de désarmement et de coup d’Etat, de la part du gouvernement ; de l’autre, ce gouvernement résolu à faire sortir Paris de son attitude réservée, à déchaîner la tempête et la guerre civile, pour y trouver le prétexte d’une hécatombe humaine qui lui permît de frapper à la fois tous ses ennemis, tous ses adversaires, et cela d’une façon terrible.

Le moment était propice.

La France, fatiguée de la guerre contre les Prussiens, devait aspirer, pensait-on, à un peu de repos. De plus, séparée de Paris depuis sept mois, convenablement préparée par les calomnies répandues à dessein, à partir du 4 septembre, sur