Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v2.djvu/26

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Dix mille ! hélas ! de combien de fois dix mille je me trompais ! Sans compter les blessés, les vieillards, les femmes, les enfants à la mamelle.

Mais ce sont là de nouveaux procédés que personne ne pouvait concevoir, ni par conséquent prévoir.

Ainsi donc, par deux fois, au 18 mars comme au 4 septembre, le peuple vainqueur, et la seconde fois à la suite d’une attaque odieuse, dans le cas de légitime défense, se montra humain, avare du sang de ses ennemis, prodigue du sien seulement.

Cette Révolution avait été si peu préméditée, en somme, par ceux sur qui on en rejeta la responsabilité, que les membres du Comité central, devenus maîtres de Paris, par la victoire de la garde nationale dont ils étaient les représentants naturels, hésitèrent durant plusieurs heures à ramasser ce pouvoir tombé entre leurs mains, et à se rendre à l’hôtel de ville.

Ils s’y rendirent enfin, après avoir constaté l’abstention des maires et des députés radicaux de Paris.

La place, en effet, ne pouvait rester vide, sous peine des plus grands malheurs, des plus terribles catastrophes.

Le Comité Central n’avait été jusqu’alors qu’une force purement défensive, ne s’était organisé que pour le maintien des droits légitimes de Paris, que pour la résistance aux coups de main prévus des conspirateurs de Bordeaux, nullement pour tenter une Révolution. D’ailleurs, cette Révolution, et j’ai expliqué pourquoi, personne à Paris ne la souhaitait à cet instant. Elle fut imposée par le gouvernement, et l’on peut dire d’une