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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/125

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les gens religieux. Ils ne comptent pas aux yeux de la science, du raisonnement et de la Révolution.

Si on ne le croit pas, pourquoi la Société n’agit-elle pas par elle-même ?

Pourquoi invente-t-elle une sorte d’être supérieur et infaillible, sans autre réalité que celle qu’on lui prête, pour agir à sa place, veiller sur elle, trancher les problèmes qui l’agitent, résoudre les questions d’intérêts qui constituent sa vie quotidienne ?

Comment peut-on perdre assez le sens commun pour ne pas comprendre que cet Etat, — être idéal et supposé parfait, puisqu’on lui confie l’autorité suprême, — ne peut agir après tout qu’en se personnifiant en un certain nombre d’hommes, et que, par conséquent, les peuples remettent tout simplement la disposition d’eux-mêmes à quelques-uns d’entre-eux, qui ne sauraient valoir mieux que l’ensemble de l’humanité.

Dès lors, si ce ne sont que des hommes, pourquoi ceux-là plutôt que d’autres, à moins de supposer qu’on revêt des lumières supérieures en revêtant le Pouvoir, ou qu’on devient un grand homme en recevant un portefeuille, et un génie supérieur par le fait qu’un certain nombre de bulletins imprimés à votre nom, se sont trouvés dans une urne remplie par l’ignorance ou les passions de parti.

A côté de cette conception fatale de l’Etat, à côté de cette erreur, origine de tous nos malheurs passés, présents et futurs, il y a une autre conception non moins dangereuse, c’est la conception de l’Unité et de la Centralisation.

Sans cette dernière, l’Etat ne vivrait pas, car elle est l’arme avec laquelle il fauche tous les