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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/127

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L’Unité est quelque chose d’essentiellement fictif, arbitraire, qui écrase et qui broie, pour créer, de parties diverses et autonomes, un seul édifice, où nul n’a plus la liberté de ses mouvements, ni la possibilité de se développer sans entraîner avec soi l’universalité de ceux auxquels il se trouve lié, comme un forçat à sa chaîne[1].

L’Unité a toujours quelque chose de factice et de tyranique, en ce sens qu’elle ne repose pas sur des lois naturelles, qu’elle n’est point le produit primesautier des besoins de l’homme, mais le produit conventionnel de certaines nécessités ou de certaines conceptions philosophico-politiques qui ne profitent qu’à quelques-uns, au détriment du plus grand nombre.

L’union est la réalisation de l’Unité des sentiments, des volontés, des intérêts. — C’est une chose essentiellement morale, où chacun a son droit et son autonomie respectés.

L’Unité est, sans respect du droit et de l’autonomie, l’union forcée, superficielle, extérieure, des sentiments, des volontés et des intérêts les plus discordants.

L’Union, — c’est l’association !

L’Unité, — c’est la caserne !

Tous les tyrans, hommes ou peuples, — car il y a eu des peuples tyrans, notamment le peuple romain, pour n’en citer qu’un, — ont rêvé, tenté

  1. C’est l’histoire de Paris, qui chaque fois qu’il se soulève, se trouve retenu et rejeté à terre, par le poids immense de la France entière, inégalement éclairée, inégalement mure pour l’idéal entrevu par la capitale.

    C’est l’histoire de toutes les grandes villes de France, de tous les centres intelligents et révolutionnaires, Lyon, Marseille, Toulouse, etc., obligés de marquer le pas sur place, parce qu’il y a vingt millions de paysans qui n’ont encore aucune idée politique ou sociale.

    En fractionnant le poids, il serait évidemment plus facile de lesoulever, et finalement de le réduire à zéro, au grand bénéfice de chacun et de tous.