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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/79

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police, ni magistrature. Pas de gendarmes, pas de juges ! Il n’y eut pas un seul délit ! En dehors des postes aux mairies, aux divers ministères, à l’hôtel de ville, nulle force armée dans les rues, dans les faubourgs, dans les quartiers excentriques. Mais chaque citoyen était armé, et tous veillaient sur leur propre salut et sur le salut de chacun.

Jamais, non plus, aucun gouvernement, je le crois, ne fut aussi bien gardé que le gouvernement de la Commune, dont le siége était à l’hôtel de ville. Là se concentrait toute la sollicitude du peuple, et une surprise, de quelque nature que ce soit, y eût été impossible. J’ai pu constater à cet égard, bien des fois, avec quelle rectitude, quelle intelligence, quel scrupule inouï, la garde nationale savait appliquer une consigne, quand elle en comprenait l’importance. J’ai pu constater. avec quel dévouement que rien ne lassait nos fédérés enduraient toutes les fatigues sans une plainte, sans se relâcher une seconde de la plus active surveillance.

Comme un complot, une trahison, une attaque, pouvaient toujours être à craindre, une fois dix heures du soir arrivées, on ne pouvait plus circuler aux abords de l’hôtel de ville, soit qu’on y entrât, soit qu’on en sortit, sans le mot d’ordre.

Inutile d’avoir son écharpe de membre de la Commune, inutile de montrer son laisser passer.

— Tout le monde peut se procurer une écharpe ou voler une carte, — vous répondaient les sentinelles.

Jamais je n’en ai surpris une seule en défaut à cet égard, et chaque jour les bataillons de garde changeaient. Je me rappelle notamment une nuit. Il faisait froid. La pluie tombait à torrents