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Théophile de Viau, connu familièrement sous le nom de Théophile, paya moins cher sa parodie. L’année du mariage de Louis XIII, Malherbe avait rimé sur la future reine une malheureuse chanson de ballet, qui commence :

 
Cette Anne si belle,
qu’on vante si fort,
pourquoi ne vient-elle ?
Vraiement elle a tort.

Et Théophile de lancer aussitôt ce couplet :

 
Ce brave Malherbe,
qu’on tient si parfait,
donnez-lui de l’herbe,
car il a bien fait.

En d’autres circonstances l’auteur facile et élégant de Pyrame et Thisbé s’applique à rendre quelque justice à Malherbe en distinguant le poète qu’il tolère, du maître qu’il ne souffre pas ; ainsi dans la satire : « Si notre doux accueil… » de 1620 :

 
… Imite qui voudra les merveilles d’autrui,
Malherbe a très bien fait, mais il a fait pour lui ;
mille petits voleurs l’écorchent tout en vie.
Quant à moi, ces larcins ne me font point d’envie ;
j’approuve que chacun écrive à sa façon ;
j’aime sa renommée, et non pas sa leçon…

Il continue :

 
J’en connais qui ne font des vers qu’à la moderne,
qui cherchent à midi Phébusàla lanterne,
grattent tant le français qu’ils le déchirent tout,