Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/136

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ments biographiques sans aucun choix. C’est à nous à nous servir de ces informations naïves en les triant, ainsi que nous avons essayé de le faire dans l’étude précédente, et si nous nous aventurons ici même à quelque conclusion partielle, ce ne sera qu’après nous être entouré de beaucoup d’autres documents, notamment de la correspondance de Malherbe.

Enfin, puissent-ils nous pardonner tous les trois, et Malherbe de le trahir, et Racan de le citer, et Conrart… de le faire parler !

II

Vous saviez, n’est-ce pas ? que Malherbe était frileux : Racan, vous vous en souvenez, avait ses entrées franches dans la modeste chambre garnie de son maître, située en la rue des Petits-Champs. Il y grimpait à toute heure, et il nous a déjà conté dans les Mémoires qu’un matin de grand hiver, il surprit Malherbe très affairé à enfiler les unes sur les autres un certain nombre de paires de bas presque toutes noires. Craignant de favoriser une jambe plus que l’autre, le bonhomme faisait deux tas de jetons, et, sitôt qu’un bas était mis, il grossissait d’un jeton le tas correspondant. Racan, pour une fois, la seule sans doute, plus pratique que son maître, lui conseilla d’attacher à chacun