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QUELQUES POÈTES

assez froids aujourd’hui : la supériorité relative des genres littéraires, par exemple, de la poésie épique, dramatique ou lyrique.

Mais, un jour, il arriva malheur à cette amitié. C’était à la fin de l'été de 1659, en un temps d’âpres cabales académiques. Racan voyait beaucoup Ménage, qui préparait une édition des œuvres de Malherbe ; or Ménage était d’un parti opposé à celui de Conrart et de Chapelain. Toutefois Racan avait promis à ce dernier (qui, apparemment, le lui avait demandé) d’aller, avant de quitter Paris, faire une dernière visite à Conrart, d’ailleurs malade. Mais Racan était un parfait étourdi, et il a traversé tout le 17e siècle, formant avec La Fontaine un couple fraternel, uni, non seulement par l’amour des champs, mais encore par la distraction. Le septuagénaire part donc, va faire ses vendanges en Touraine, tombe lui-même malade et perd totalement de vue Chapelain, Conrart et Athis. Mais il est rappelé à l'ordre par une lettre pincée de Chapelain, qui lui déclare entre autres choses : « M. Conrart a trouvé que vous aviez un peu péché d’être part de Paris sans lui avoir dit adieu… Il a senti avec quelque douleur que vous n’ayez pas jugé à propos de lui en donner au moins du regret ou par un valet ou par une lettre, dans le temps qu’on lui mandait que vous ne bougiez de chez une personne qui s’était déclarée notre ennemie. » On reconnaît à ce portrait Ménage. Et dans ses protestations de modération, Chapelain