Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
192
QUELQUES POÈTES

Cependant, l’octogénaire avait marié sa fille aînée à un jeune voisin de campagne, Charles de la Rivière, et son fils aîné, constant avec lui-même, avait contracté un mariage bizarre. Quatre petits-enfants entouraient son fauteuil d’aïeul, et en caressant leurs jeunes têtes, il ne pouvait prévoir que le rêve militaire qu’il avait lui-même poursuivi en vain toute son existence serait un jour réalisé par deux de ses petits-fils, dont l’un, brigadier d’infanterie, serait tué au feu, à Malplaquet, dont l’autre, comme son propre père à lui-même, parviendrait au grade de maréchal de camp ; il pouvait prévoir encore bien moins qu’en eux allaient s’éteindre sa postérité mâle et son nom[1].

Les procès ne désarmaient toujours pas. Son grand procès, entamé depuis quarante ans avec les Bueil-Sancerre, renaissait encore une fois ; une affaire particulièrement douloureuse s’y ajoutait : il était attaqué par-devant le Parlement de Paris par son gendre et sa fille, pour avoir à leur verser le complément de la dot promise.

À la fin de 1668, après s’être assuré, en cas de décès, un service solennel chez les Carmes de Tours, le vieux poète reprit une fois encore, en

  1. Par sa fille Françoise de la Rivière Racan devait avoir trois générations de petits-enfants ; mais son arrière-petite-fîlle, Anne-Thérèse de la Rivière, qui avait épousé en 1762 Jacques de Savonnières de la Maison-Rouge, mourut sans enfants. Ce n’est que par un second mariage que son mari donna naissance à la branche encore vivante des comtes de Jourdan-Savonnières.