Félix qui patriis sevum transegit in agris,
ipsa domus puerum quem videt, ipsa senem
qui, baculo nitens in qua reptavit arena,
unius numerat sœcula longa casae !
… Frugibus aliernis, non consule, computat annum,
… ingentem meminit parvo qui germine quercum,
œquœvumque videt conscenuisse nemus…
Il soupire en repos l’ennui de sa vieillesse
dans ce même foyer où sa tendre jeunesse
a vu dans le berceau ses bras emmaillotés ;
il tient par les moissons registre des années,
et voit de temps en temps leurs courses enchaînées
vieillir avecque lui les bois qu’il a plantés[1].
III
Les influences latines sont arrivées sans doute directement à notre poète, mais aussi à travers des intermédiaires français qui ont beaucoup plus d’importance encore, si l’on veut expliquer complètement l’inspiration des Stances.
L’épode d’Horace Beatus ille… avait été fort goûtée à la fin du 16e siècle, prise dans son sens sérieux, sans qu’on ait eu l’air d’en apercevoir l’ironie. Au milieu de cette ère de guerres civiles, plus d’un se prenait à rêver à la campagne, à la vie bonne, douce, religieuse et pacifique que
- ↑ Le sens de ces deux derniers vers, qui manque un peu de netteté, paraît être : il voit les courses des années enchaînées (en périodes de cinq, dix, vingt ans) rendre vieux avec lui-même les bois qu’il a plantés. Le principal de l’idée est qu’il est contemporain de ses arbres (œquvœum).